MONTRÉAL - Alors que les pays travaillent avec acharnement pour élaborer une nouvelle entente climatique d'ici au mois de décembre prochain, on réalise de plus en plus que le soutien financier aux pays en développement constitue un élément fondamental de cette entente. À cet égard, un rapport publié aujourd'hui par l'Institut Pembina définit ce qui représente la « juste part » que devrait assumer le Canada.
Clare Demerse, directrice associée du Programme sur les changements climatiques à l'Institut et auteure du rapport explique : « Le Canada doit agir rapidement s'il veut encore espérer jouer un rôle constructif dans le cadre des négociations climatiques cruciales qui se déroulent cette année. Ce serait déjà un très grand pas dans la bonne direction si le gouvernement s'engageait au moins à fournir sa juste part du financement pour les pays les plus pauvres. »
Plusieurs populations parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète commencent déjà à subir les impacts négatifs des changements climatiques. Pourtant, ces populations ont très peu contribué à l'émergence du problème. De plus, les pays pauvres ont besoin d'aide pour se développer tout en adoptant des pratiques et des technologies à faibles émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre à ces impératifs, il faudra pouvoir compter sur des dizaines de milliards de dollars supplémentaires par année selon les estimations de l'ONU et d'autres organismes.
Les grilles de calcul de la répartition des responsabilités entre les différents pays indiquent que le Canada doit assumer de 3 à 4 % du financement mondial. Compte tenu des fourchettes d'estimation des besoins des pays en développement, cela correspond à un montant de 2,2 à 5,7 milliards $ par année. Le montant intermédiaire - 4 milliards $ / an - correspond à moins d'un point de réduction de la TPS.
« Plusieurs pays ont déjà présenté des propositions innovatrices pour assurer leur part de financement, ajoutait Clare Demerse. Mais le Canada n'a pas encore réagi ni déposé sa propre proposition à cet égard. C'est encore plus préoccupant quant on sait que dans ses propres documents internes, le gouvernement reconnaît l'ampleur et l'urgence de la situation dans les pays en développement. »
En effet, dans une note préparée par le ministère des Affaires étrangères, obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, on reconnaît que le coût estimé des mesures d'adaptation est « extrêmement élevé », que les fonds d'adaptation actuels de l'ONU sont « sous-financés » et que « le fait d'adopter des mesures d'adaptation dès maintenant entraînera des coûts moins élevés que ceux de l'inaction ».
Le financement de mesures d'adaptation peut permettre, par exemple, de construire dans une collectivité des infrastructures capables de résister à des orages plus violents. Quant au financement destiné aux réductions des émissions, il peut, par exemple, servir à passer du charbon à l'énergie éolienne pour la production d'électricité.
Pour démontrer sa bonne foi dans le contexte de l'entente mondiale sur les changements climatiques qui doit se régler à Copenhague en décembre prochain, l'Institut Pembina recommande que le Canada verse sa juste part pour répondre aux besoins d'adaptation les plus urgents identifiés par les pays les moins avancés, c'est-à-dire au moins 80 millions $.
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Renseignements :
Clare Demerse
Directrice associée, Programme sur les changements climatiques,Institute Pembina
613-762-7449
Le rapport, Our Fair Share: Canada's Role in Supporting Global Climate Solutions, de même que la note du ministère des Affaires étrangères, sont disponibles ici.
La préparation de ce rapport a été rendue possible grâce au programme Global Fellowship de la Fondation Walter and Duncan Gordon.